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Thursday 25 February 2021 17:37

Henning Müller a beau être un spécialiste en matière d’informatique médicale et d’intelligence artificielle, il sait aussi apprécier les choses qui fonctionnent sans algorithmes. Preuve en est le bon vieux globe terrestre qui trône sur son bureau, au Techno-Pôle de Sierre.

Il s’en saisit, puis pose le doigt sur les Etats-Unis. Ce n’est pas un hasard. Car au cours de sa carrière, le responsable de l’Unité e-Health de l’Institut de recherche en informatique de gestion de la HES-SO Valais-Wallis a tissé de nombreux liens avec le pays de l’Oncle Sam. Si bien que depuis avril 2020, son équipe de chercheurs collabore avec l’American College of Radiology (ACR), pour le développement d’une plateforme d’intelligence artificielle destinée à faciliter la prise en charge et le suivi des patients.

Démocratiser l’intelligence artificielle

«Grâce à des algorithmes, cette plateforme mobilise une grande quantité de données afin d’améliorer à la fois le diagnostic d’une maladie et la prise de décisions médicales», résume Henning Müller.

Mais la principale particularité de cet outil, créé par l’ACR il y a deux ans, est ailleurs. «L’idée est de démocratiser l’intelligence artificielle auprès des radiologues», poursuit le professeur HES. Ainsi, la plateforme permet aux radiologues d’un hôpital de créer leurs propres modèles d’algorithmes en rassemblant les données de leurs patients, puis de les tester pour répondre à leurs besoins cliniques. «Ces modèles de situations cliniques, anonymes afin de protéger l’identité des patients, peuvent ensuite être partagés avec d’autres établissements. L’objectif, à terme, est de développer une gigantesque bibliothèque de modèles basés sur des données médicales.»

Améliorer la compréhension des algorithmes

La plateforme est aujourd’hui testée dans plus d’une dizaine d’établissements aux Etats-Unis. De son côté, et via le contrat signé avec l’association américaine, l’équipe du professeur Müller est chargée de poursuivre le développement de cet outil et d’améliorer «l’interprétabilité» des algorithmes. En d’autres termes, les chercheurs valaisans doivent en rendre la prise de décision plus lisible et compréhensible.

«Comment un algorithme arrive-t-il à la conclusion qu’un patient présente une tumeur de stade 3? Pourquoi préconise-t-il un traitement plutôt qu’un autre? Ce sont autant de questions que se posent les radiologues et auxquelles nous devons apporter une réponse», indique Henning Müller. Il précise que son équipe peut s’appuyer sur les compétences d’une ancienne chercheuse de l’ACR travaillant à Sierre dans le cadre de ce contrat avec la HES-SO Valais-Wallis.

Pas encore d’essais en hôpital en Suisse

Cela fait près d’une décennie que se dessine l’essor de l’intelligence artificielle dans le domaine de l’imagerie médicale. Malgré ce recul et ces années de recherche, Henning Müller concède que tous les algorithmes ne sont pas encore parfaits. «Mais la confiance en ces technologies est de plus en plus importante. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si cette plateforme a été développée par les radiologues, pour les radiologues.»

Il rappelle que dans tous les cas, ce sont l’expérience et l’expertise du médecin spécialisé qui prennent le dessus sur les algorithmes. «Ces outils sont une précieuse aide à la décision.»

Si la plateforme a été présentée dans les universités de Genève et Lausanne, elle n’est pas encore intégrée dans des hôpitaux suisses. Henning Müller a toutefois bon espoir que ce soit le cas un jour ou l’autre.

Source : https://www.lenouvelliste.ch/articles/valais/valais-central/intelligence-artificielle-la-hes-so-valais-participe-au-developpement-d-une-plateforme-a-l-usage-des-radiologues-1033017