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Lindsay
Monday 06 April 2020 19:38


Lindsay est étudiante en deuxième année de la filière Soins infirmiers et travaille à côté de ses études à l’Hôpital de Sion, en tant qu’aide-infirmière aux soins intensifs. Elle témoigne avec passion de son quotidien, depuis que le coronavirus a envahi les lieux :

« Lorsque la crise de ce virus s’est déclarée et que l’école a lancé un appel aux étudiant·e·s afin de nous mettre à disposition des structures de soins en renfort, je n’ai pas hésité à m’inscrire sur la liste des volontaires. Cependant, je reçois rapidement un appel de mon lieu de travail me disant qu’ils ont besoin de moi pour cette période difficile. J’accepte évidemment de les rejoindre, sans réfléchir. Inquiète cependant pour la suite de mon parcours scolaire, je fais part de cet engagement prévu à 100% à la direction de la Haute Ecole de Santé. Ils font preuve d’une grande compréhension et je les en remercie.

Lorsque je franchis les portes de l’hôpital, je ressens une atmosphère pesante. Comme si le temps s’est arrêté. Des civilistes surveillent l’entrée et nous demandent notre badge pour confirmer que nous travaillons bien à l’hôpital. La cafétéria est vide, les couloirs pratiquement déserts depuis que les visiteurs·euses sont interdit·e·s d’entrer. Il n’y a plus que les employé·e·s de l’hôpital qui cheminent.

Dans le service des soins intensifs, ce sont des chariots remplis de gants, blouses, charlottes et lunettes de protection que nous retrouvons. Cette unité de soins aigüs ne cesse d’accueillir toujours plus de patient·e·s atteint·e·s du COVID 19 qui nécessitent une aide respiratoire invasive ou non.

Afin d’anticiper le grand nombre de cas à venir, les services de soins intensifs et d’anesthésie ne font plus qu’un. Comme on le sait : « l’union fait la force » et c’est ce dont nous avons besoin en cette période de crise sanitaire. Nous utilisons la salle de réveil afin de prendre en charge plus de patient·e·s intubé·e·s et nous prévoyons d’occuper les blocs opératoires si le nombre de cas venait à augmenter. C’est une nouvelle équipe qui doit apprendre à se connaître, apprendre la manière de travailler de chacun, connaître l’emplacement du matériel etc.

Cependant, l’augmentation du nombre de patient·e·s nécessite plus de personnel soignant. Ils font alors appel à toutes les personnes disponibles, même celles ayant quitté les soins intensifs récemment ou depuis plusieurs années. Ce n’est pas facile de se réadapter à tout cela alors que cela fait longtemps que vous ne vous êtes plus occupé d’un scope ou encore d’un respirateur. Pourtant ils et elles sont là, présent·e·s, prêt·e·s à aider du mieux qu’ils·elles peuvent. Il faut faire preuve d’adaptation dans ce genre de situation.   

En parlant d’adaptation, j’ai également dû m’habituer à de nouveaux horaires. J’ai commencé à faire des nuits, pour la première fois. Je le prends comme une opportunité qui me permet de voir tous les aspects de la profession de jour, comme de nuit.

Les conditions sont légèrement difficiles, les masques FFP2 et chirurgicaux sont comptés. Les soignant·e·s qui font des journées de 12h ont le droit à seulement 2 masques, alors qu’on est sensé les changer toutes les trois heures. Mais on est bien conscients qu’il y a rupture de stock. Lorsque l’infirmière enfile sa blouse, son masque, ses lunettes, ses gants et sa charlotte, elle entre dans la chambre pour y passer parfois 2-3 heures sans y ressortir. Il fait chaud, les masques font parfois mal. Nous avons tous un peu peur, après notre service, de ramener le virus à la maison et de contaminer nos proches. Cependant nous sommes là malgré tout.

Lorsque nous voyons certaines personnes quitter les soins intensifs pour se rendre à l’étage, cela nous redonne espoir. Cela veut dire qu’elles vont mieux, qu’elles sont sur le bon chemin.

Malgré cette période de crise, les infirmiers et infirmières ainsi que tout le personnel soignant  ne cessent d’être disponibles pour répondre à mes questions et m’en apprendre davantage. Je les remercie pour leur disponibilité, leurs compétences et leur savoir qui m’impressionnent de jour en jour. »

Bravo Lindsay!