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Stéphane Genoud
Friday 14 October 2022 08:43

Pénurie d'énergie hiver 2022 - 2023

Portail "Pénurie d'énergie hiver 2022-2023"  

Analyse de la situation par Stéphane Genoud au 13.10.2022

Au regard de l’évolution des différents indicateurs à notre disposition (voir graphiques et explications ci-dessous), et malgré certaines évolutions, nous pouvons estimer que le risque de pénurie pour cet hiver 2022-2023 est toujours assez marqué.

Pour vous permettre de bien suivre notre analyse, nous vous conseillons de lire les précédentes analyses dont la première analyse de la situation du 24 août 2022.

Nous attendons toujours des consignes très claires du Conseil Fédéral, concernant la mise en œuvre du plan OSTRAL. Cela est très préoccupant car ces précieux jours perdus maintenant risque de nous couter très cher demain. De plus, plusieurs milieux informés disent que cette tergiversation du CF est liée aux enjeux très important pour l’économie Suisse et ils ne voient pas le CF mettre en œuvre le chapitre 4 du plan (pénurie organisée) pour éviter le blackout. « Ils n’oseront pas appuyer sur le bouton au vu des enjeux… ». Sauf que nous espérons que nos autorités suprêmes seront à la hauteur de cette décision difficile, certes, mais ne pas agir au bon moment, augmente dangereusement le risque de plonger le pays dans le noir pour de trop (longs) jours.

Le CF a lancé un appel d’offres pour établir les réserves d’eau dans les barrages en Suisse. Mais, lors de la journée de l’énergie à la foire du Valais, Alpiq signale que les volumes d’eau pour l’hiver qui vient ont déjà toutes été vendues et que s’il devait répondre à cet appel d’offres, il allait devoir racheter de l’électricité sur les marchés. La solution imaginée par de CF risque donc de couter très cher. Avons-nous aujourd’hui compris ce que cette crise va nous coûter ? Allons-nous prendre rapidement les mesures nécessaires pour produire ici, chez nous, la production d’électricité nécessaire à nos activités et avons-nous planifié toutes les mesures d’assainissement énergétique de notre pays ? Car nous savons bien que l’énergie la moins cher et la plus écologique est celle que nous ne consommons pas !

Retrouvez notre analyse au fil des graphiques plus bas.

Les indicateurs

1. L'électricité en Suisse

Prix d’électricité pour les 12 prochains mois

Le prix d’électricité pour le ruban reste très élevé. Nous avons eu une séance de travail avec les artisans et industriels de Crissier. Dans cette séance le Directeur du Service Intercommunal des Energie (SIE) M. Bossel a confirmé que « le marché fonctionne bien ». Nous avons donc une situation encore très tendue vu les prix pour les périodes à venir. Le Q1/23 est passé à 963.5 €/MWh, soit 96.5 cts/kWh, alors qu’il était il y a une semaine à 950 €/MWh. Cela reflète un marché encore plus tendu pour cet hiver.

Source : energyscan.engie.com

Nous voyons ici le prix spot des jours passés. Le Quarter-Ahead est en légère hausse à 809.55 €/MWh.

Source : energyscan.engie.com

Les imports net de la Suisse

Vu les températures clémentes, il est logique que nous ayons une situation des imports nets proche de zéro.

Source : energyscan.engie.com

La demande d'électricité en Suisse

Même constat pour les demandes d’électricité. Tant que la T° extérieure est basse, la situation sur ce front est détendue.

Le graphique suivant montre les consommations mensuelles Suisse des années 2019 à 2022.

Source : energyscan.engie.com

La production d'électricité en Suisse

La production nucléaire est conforme aux prévisions.

Ce graphique montre la puissance générée par les réacteurs suisses pour les années 2017-2021 et pour l'année en cours.

Source : energyscan.engie.com

La production hydraulique au fil de l’eau est au niveau maximal des années précédentes.

Ce graphique montre le niveau de production des centrales hydrauliques au fil de l’eau en Suisse pour les années 2017-2021 et pour l’année en cours.

Source : energyscan.engie.com

La situation est quasiment identique pour la production hydraulique d’accumulation (barrages).

Ce graphique montre le niveau de production des centrales hydrauliques à accumulation en Suisse pour les années 2017-2021 et pour l’année en cours.

Source : energyscan.engie.com

On voit que les productions estivales sont plus basses que d’habitude, cela vient des baisses de précipitations de cette été.

Pour prendre l’exemple de la Grande-Dixence, pendant l’été, le barrage ne peut pas accumuler les deux arrivées d’eau, c’est à dire la fonte des glaciers et les précipitations. Ils doivent donc turbiner une partie de l’eau pour éviter de la perdre par débordement. Cela explique donc la faible production de cet été.

Sur le graphique présenté par M. Amédée Kronig de Alpiq, voici la situation du Gornerli. Nous vous encourageons à aller voir la présentation ici.

Deux graphiques résument l’intérêt de cette installation.

Sans le Gornerli, la grande Dixence (LGD) est à une capcité de 400 millions de m3, alors qu’elle reçoit 549 millions de m3. L’installation se comporte alors en été comme un barrage au fil de l’eau, sans quoi le barrage déborderait et l’eau serait perdue. En plus, 31 millions de m3 ne peuvent pas être capté car l’installation au pied du glacier est trop petite. Ces m3 sont donc aussi perdus. Finalement, il faut remonter les 115 millions de m3 au niveau de LGD, soit une consommation d’électricité de pompage en été.

Source : Alpiq, journée du CREM 2022

Avec le Gornerli, on annule la perte de 31, le pompage est plus petit et on garde une partie du « fil de l’eau » dans le nouveau barrage pour les libérer lorsque La Grande Dixence a de la place.

Source : Alpiq, journée du CREM 2022

120 GWh de plus de production en hiver, une économie de 80 GWh du pompage. 

A ajouter les baisses de risque de débordement de la rivière de Zermatt. Mais, un impact sur l’environnement et sur le paysage. 

C’est donc une question de pondération des intérêts qui a fait que cette installation a été jugée comme prioritaire.  

Réserve hydraulique pour la Suisse

Ce graphique montre le niveau des barrages en Suisse sur les années 2020-2021 et l’état actuel des réserves pour l’année en cours.

Le niveau de nos réserves est toujours inférieur aux moyennes des 20 dernières années et le resteront certainement, vu la saison, sauf si des précipitations d’automne arriveraient encore, ce qui serait très précieux pour passer l’hiver.

2. Pénurie : les signaux de la France 

Les prix de l’électricité en France aujourd’hui

Ce tableau donne les prix du marché de l’électricité avec les prix français au 13 octobre.

Toujours de très grandes volatilités sur les prix, avec une légère hausse pour les Q+1. Le marché ne croit donc toujours pas au redémarrage des centrales nucléaires en France.

Source : energyscan.engie.com

La production et les imports net de la France

Pas de changement à ce niveau, tant que les réacteurs ne sont pas repartis en production, la France est toujours importateur net (courbe rouge), même si cela oscille un peu avec des exportations.

Source : energyscan.engie.com

Puissance des réacteurs nucléaires français

Toujours pas d’amélioration significative concernant la production nucléaire.

Ce graphique montre la puissance généré par les réacteurs français pour les années précédentes, l’année en cours et la prévision pour le reste de l’année. 

Etat au 31 mai 2022

Source : energyscan.engie.com

Etat au 13 octobre 2022

Source : energyscan.engie.com

Rien de neuf sous les étoiles… malgré une légère hausse de production.

3. Pénurie : les signaux de l'Allemagne 

Les prix de l’électricité en Allemagne aujourd’hui

Ce tableau donne les prix du marché de l’électricité avec les prix allemands au 29 septembre.

On voit que le marché allemand est moins tendu que celui de Français. 

Source : energyscan.engie.com

Exports de gaz russe vers l’Allemagne

Ce graphique montre le niveau des exports de gaz de la Russie vers l’Europe sur les années 2016-2021 et l’état actuel des exports pour l’année en cours.

Ils sont toujours à zéro et cela ne va pas s’arranger tant que la guerre en Ukraine n’est pas terminée.

Source : energyscan.engie.com

4. Les réserves/stocks

Stocks de gaz en Europe 

Ce graphique montre le niveau des stocks de gaz en Europe sur les années 2015-2021 et l’état actuel, au 13 octobre, des stocks pour l’année en cours.

Le taux de croissance relatif des stocks est toujours positif ce qui permet d’accroitre les réserves européennes.

Source : energyscan.engie.com

La tendance pour nos deux grands voisins (France et Allemagne) suit la même tendance.

Les importations européennes de gaz liquéfié (GNL)

Grâce à ces GNL, les européens peuvent continuer à remplir leurs stocks.

Source : energyscan.engie.com

5. Prévisions météorologiques

Nous ajoutons une rubrique sur la météorologie. On voit que les modèles de prévision sont bons.

Le 16 octobre, nous devrions avoir un marché moins tendu grâce aux éoliennes allemandes.

Source : energyscan.engie.com

Ce graphique montre la production photovoltaïque pour l’Allemagne pour les semaines précédentes et les prévisions pour les 2 semaines à venir. 

Malheureusement la production solaire sera en baisse, probablement dû à la couverture nuageuse, corollaire de la hausse du vent.

Source : energyscan.engie.com

La semaine à venir est clémente. Plus de vent, mois de froid, ceci devrait avoir un impact sur les spots des pays européens pour les prochains jours. Nous verrons cela la semaine prochaine.

Source : energyscan.engie.com

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