Les pays du continent européen accusent une dépendance très importante aux énergies fossiles. Le changement climatique oblige les gouvernements et les entreprises à procéder à une transition vers les énergies renouvelables. L’équipe du professeur David Wannier participe, durant quatre ans, au projet européen OpenMod4Africa qui vise à soutenir, en Afrique de l’Est et de l’Ouest, les entreprises de distribution électrique, les gouvernements régionaux et les centres universitaires de recherche dans la transition énergétique. Il s’agit d’éviter que les pays du continent africain ne passent par l’utilisation excessive d’énergies fossiles que nous connaissons en Europe, mais se tournent directement vers les énergies renouvelables disponibles localement (solaire, éolien, hydraulique). L’institut informatique à Sierre participe donc à ce projet qui vise à accélérer l’indépendance énergétique basée sur les énergies renouvelables de plus de 500 millions de personnes.
Les régions concernées par ce projet sont immenses, couvrant la majeure partie des pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est, pour une population d’environ 500 millions de personnes. À ce jour, seulement 52% de la population de ces régions accède à l’électricité. Il est impératif que ces zones du continent africain ne suivent pas les mêmes choix énergétiques que l’Europe, la Chine ou les États-Unis ont fait par le passé. L’étape des énergies fossiles devrait être évitée pour qu’ils puissent se tourner directement vers des énergies renouvelables produites localement et de manière décentralisée. Le consortium mixte (Europe-Afrique) de ce projet européen s’est rencontré pour la première fois en juin à Madrid. Il comprend des gestionnaires de réseaux de distribution, des énergéticiens et des universitaires qui visent notamment à créer une plateforme de visualisation et de simulation des capacités des lignes électriques pour le transport de l’énergie photovoltaïque, hydraulique ou éolienne. Le projet à hauteur de 3,6 millions, dont 490'000.- pour la HES-SO Valais-Wallis va permettre de développer un outil informatique sous forme de carte interactive destinée à effectuer des simulations pour comprendre comment se comporterait un réseau électrique en ajoutant ou en supprimant des lignes à différents niveaux de tension, en ajoutant de la production photovoltaïque ou de la consommation, par exemple. Il faut noter que des dizaines de milliers de kilomètres de lignes nouvelles électriques vont être construites ces prochaines années ; celles-ci seront à cheval sur plusieurs pays et de nombreux défis seront posés : gestion de la puissance, gestion d’une place de marché pour les échanges d’électricité, stabilisation du réseau et coordination politique régionale. L’objectif final est de permettre un accès étendu à l’électricité produite localement et de manière renouvelable. Le potentiel solaire, hydraulique et éolien est très important, mais il devra couvrir des besoins colossaux estimés à 30 Gigawatts d’ici 2023 (contre 4 Gigawatts aujourd’hui). Les équipes de recherche souhaitent faire profiter leurs homologues africains des connaissances acquises dans d’autres projets de recherche mené en Suisse et en Europe. L’idée est de co-créer des outils de planification de la transition énergétique. Ces outils seront hébergés dans les centres universitaires africains qui se chargeront de faire le relai auprès des gouvernements régionaux et de l’économie et de cartographier les besoins. Cette plateforme permettra de mutualiser les savoirs et les compétences, dans une optique d’économie circulaire locale et de mutualisation des sources de production.
La création d’un système d’information géographique (GIS) demande une immense quantité de données et des compétences de pointe ; les données seront fournies par les universités partenaires en Afrique et intégrées à la plateforme créée par les assistants formés à la filière Informatique de Gestion de Sierre et qui travaillent à l’institut informatique. En effet, la plateforme open-source qui est utilisée a déjà été développée dans un deuxième projet européen « Open GIS for EnergyTransition » (OpenGIS4ET) qui est coordonné par le professeur David Wannier. La plateforme sera notamment améliorée grâce à l’apport de Gwenaëlle Gustin, assistante de recherche qui a réalisé un brillant travail de Bachelor sur ce sujet. Elle a travaillé à la compréhension des échanges énergétiques et a développé une cartographie des lignes électriques et une plateforme de simulation de coupures de lignes dans certaines régions. Son remarquable travail d’intégration des algorithmes réalisés par le groupe de recherche du Prof. Philippe Jacquod dans son outil de visualisation lui permet aujourd’hui de participer à ce projet de recherche européen après avoir terminé son Bachelor Of Science à la filière informatique de gestion à Sierre. Tout comme ce projet européen mutualise les savoirs et les compétences, l’enseignement de la filière en fait de même, encourageant le corps estudiantin à proposer des travaux mettant en jeu les connaissances acquises dans différents cours : de l’Architecture logicielle à l’Industrialisation et Cycle de Développement logiciels en passant par l’option Système d’Information Géographique (GIS). L’informatique est présente dans tous les domaines d’activité et ces cours permettent notamment de travailler activement à la transition énergétique. Une fois l’ensemble des données acquises et la plateforme opérationnelle, il revient aux chercheuses et aux chercheurs de l’institut informatique d’agréger les résultats et de les rendre accessibles. Plusieurs types de vues seront proposés, selon que les autorités régionales souhaitent connaître les besoins énergétiques de la population, de l’industrie ou de comprendre le potentiel solaire, éolien, géothermique ou hydraulique d’une région. Cet outil de visualisation et de simulation a pour but de vulgariser les modèles scientifiques complexes pour soutenir les prises de décisions des autorités.
David Wannier, professeur à la filière informatique de gestion et chercheur à l’institut informatique et à l’institut énergie et environnement oriente les activités de son laboratoire à l’intégration des technologies IT afin d’aider et d’accélérer la transition vers l’indépendance énergétique. Son équipe du Energy Application and System Integration lab (EASILab) analyse les technologies utilisables et les assemble pour créer des outils de visualisation afin de rendre de très grande quantité de données compréhensibles par une majorité de personnes, que ce soient des spécialistes énergéticiens et énergéticienne, le personnel politique, les exécutifs de communes, d’agglomérations et de cantons ou la population en général. Il a lui-même suivi un cursus d’ingénierie informatique et une formation postgrade en énergies renouvelables avant de poursuivre à l’université Grenoble-Alpes en « Economie de l’énergie et développement durable ». Il axe ses recherches sur la compréhension des enjeux énergétiques, tant d’un point de vue technologique que sociétal. David Wannier admet avoir toujours été sensible à la thématique de l’écologie, mais indique que la catastrophe nucléaire de Fukushima a accéléré son engagement personnel et professionnel pour une transition vers l’indépendance énergétique basée sur les énergies renouvelables.