Le vendredi 6 octobre, dans le cadre de la Foire du Valais, Swisscom a organisé l’événement Digital Valais 2023. Il s’agissait de parler des risques et opportunités liées à l’intelligence artificielle dans l’intégration de nouveaux outils tels que ChatGPT au sein des PME. L’événement a d’ailleurs été introduit par l’avatar d’Emmanuelle Badu, Directrice PME Suisse romande de Swisscom.
Cette technologie, réservée aux chercheur-euses il y a encore quelques années, est aujourd’hui présente dans les applications web et mobiles grand public et accessibles par toutes et tous. Dès lors, comment les PME peuvent-elles les intégrer à leurs activités pour apporter une valeur ajoutée à leurs client-es ou rendre leurs processus métier plus efficients ? Voici les questions auxquelles Emma Lejal Glaude, AI Innovation Product Manager chez Swisscom, Anouch Seydtaghia, journaliste au Temps, spécialisé en technologie et Antoine Widmer, Professeur à l’Institut Informatique de la HES-SO Valais/Wallis ont tenté de répondre.
Après un bref historique de l’évolution technologique depuis le machine learning (algorithme auquel des données sont intégrées), en passant par le deep learning (algorithme autoapprenant) et jusqu’à l’IA générative (algorithme analysant les données pour en générer de nouvelles), Emma Lejal Glaude a fait remarquer que cette technologie ne remplacerait pas les humains, mais pourrait mener les entreprises à remplacer les employé-es par des personnes maîtrisant ces outils. Il est ainsi primordial d’apprendre comment rédiger un prompt (consignes transmises à une IA générative pour qu’elle génère une réponse). Ainsi, le prompt engineering devient une compétence nouvelle dans le monde du travail.
Le journaliste Anouch Seydtaghia qui travaille pour Le Temps a passé en revue les avantages et les risques encourus par les PME. Il existe ainsi de nombreux défis, comme celui de comprendre un environnement multidirectionnel et changeant. Il s’avère également que l’IA générative n’excelle pas dans la vérification des faits et que les utilisateur-trices ne doivent pas négliger les corrections à apporter aux contenus proposés par les algorithmes. Ces technologies sont sans doute très utiles pour trouver l’inspiration lors d’un brainstorming, proposer des résumés de rapports, créer des business plans ou effectuer une veille concurrentielle, mais il faut garder à l’esprit que les biais existants dans nos sociétés sont amplifiés par la machine.
Le Professeur Antoine Widmer a ensuite exposé les travaux de recherche conduits à l’institut informatique de la HES-SO Valais-Wallis. Il a insisté sur le fait que la filière informatique de gestion forme des jeunes à ces nouvelles technologies afin que leurs compétences et connaissances soient à jour. Ce type d’outils permet certainement de gagner du temps dans le domaine de la recherche, mais ne représente pas une révolution. En effet, ces modèles d’IA générative ne s’intéressent pas la véracité des faits ; ce sont des modèles statistiques mathématiques qui privilégient la cohérence du contenu et pour ce faire, peuvent générer du contenu erroné. Toutefois, il existe de nombreux cas d’usage qui permettent de tirer parti de ces technologies. Le secteur de la location touristique pourrait bénéficier d’un agent conversationnel qui répond aux client-es ; les apprenti-es de l’Oriph ont vu leur chemin d’apprentissage personnalisé et la génération d’exercices automatisée dans un environnement de réalité virtuelle. La société STA collabore avec l’institut pour la mise en place d’une IA prédictive destinée à prévenir les pannes des installations de remontées mécaniques. La société Bühler a collaboré avec l’institut pour la mise en place de Totalsense.ia afin de détecter les grains de riz cassés qui seront réassemblés pour la revente. Enfin, Fishlab a pour but de contribuer au développement et à la protection de la faune piscicole dans des environnements utilisés notamment pour la production d’électricité grâce à un monitorage non invasif, précis et en temps réel de la faune. Le soutien à l’innovation en Valais et en Suisse (InnoSuisse, TheArk, Cimark) permet aux PME de tester des idées en travaillant avec les chercheur-euses de l’Institut informatique à Sierre.
Finalement, les sociétés 3D2cut et Virtuosis ont présenté leurs modèles d’affaires intégrant l’intelligence artificielle, respectivement pour améliorer la coupe de la vigne et la mesure du bien-être des employé-es grâce à l’analyse de la voix.
Cette journée riche en enseignements et en partages d’expériences a mis en lumière les avantages de l’IA générative pour les PME tout en discutant des risques inhérents. Les entreprises pourraient développer leurs propres systèmes grâce à une collaboration avec des instituts de recherche et financée par les fonds tels qu’Innosuisse. En attendant des régulations au niveau mondial, les algorithmes ainsi développés permettraient d’éviter la fuite de données ou les fausses nouvelles qui se propagent à la vitesse des réseaux sociaux.
Ecoutez Antoine Widmer sur Rhône FM : https://www.rhonefm.ch/valais/doit-on-forcement-utiliser-l-intelligence-artificielle-au-travail--96075