La filière Tourisme porte-t-elle bien son nom?

PAROLE D'ETUDIANT·E·S - Dans le cadre de notre module « Stratégie de communication », nous, 4 étudiantes de la HES-SO Valais-Wallis en filière Tourisme, nous sommes interrogées sur l’appellation de cette filière. 

« Qui parmi vous désire travailler dans le milieu touristique ? » Après quelques secondes d’hésitation et de regards en coin, personne n’a levé la main. Nous étions une petite dizaine d’étudiantes autour de la table, toutes inscrites dans la filière Tourisme de la HEG. Forcément, ça nous a fait réfléchir.

Lors des nombreuses discussions qui ont suivi, nous avons constaté que beaucoup d'étudiant·e·s de notre filière souhaitaient, tout comme nous, travailler dans un autre secteur après leur formation. Encore plus étonnant : le pourcentage de contenu étudié relatif au tourisme est inférieur à ceux du marketing et du management. Alors comment l’expliquer ?

Le tourisme, un mélange de compétences

Commençons par définir exactement ce que veut dire le terme « tourisme ». Selon Dominique Fumeaux, actuel directeur de la HEG et ancien responsable de la filière Tourisme, « pour travailler en tourisme, vous ne pouvez pas former des gens en tourisme, ça n’existe pas ». Le tourisme n’est pas une profession en elle-même. Elle combine plusieurs compétences fondamentales comme le marketing, le management, la finance ainsi que les spécificités touristiques. Ces compétences permettent aux étudiant·e·s de pouvoir travailler dans une branche particulière de l’économie. Il affirme également que la formation donne les clés nécessaires pour exercer dans un grand nombre d’activités professionnelles variées.

Une étudiante interrogée déclare que cette formation lui a avant tout apporté une ouverture d’esprit. Elle s’est rendu compte, qu’en plus du tourisme, elle appréciait plusieurs autres branches enseignées.

Un nouveau plan d’étude

Plus intéressant encore, la filière Tourisme a implémenté un nouveau programme d’étude en 2017 pour être plus en adéquation avec la demande du marché - avant cela, la formation n’avait presque pas évolué depuis sa création en 2007 – mais le titre « Bachelor en tourisme », lui, reste le même. Alors reflète-t-il encore les compétences acquises lors du nouveau cursus ? Est-il suffisamment explicite pour les employeurs non issus du domaine touristique ?

Pour Emmanuel Fragnière, professeur HES et expert en tourisme, les étudiant·e·s souhaitant postuler dans une autre branche que le tourisme, doivent parfois encore expliquer leur diplôme ainsi que les compétences associées, mais la majorité des employeurs de Suisse romande connaissent la HES-SO.

Précision sur le nom du diplôme

Pour que les compétences acquises lors du cursus soient reconnues à leur juste valeur, nous nous sommes demandés s’il était possible d’obtenir une mention d’orientation sur le diplôme de Bachelor en tourisme. Il s’agit d’une pratique assez répandue, par exemple à la HEG Genève en économie d’entreprise. Cette mention aurait l’avantage de permettre aux étudiant·e·s de prouver leur spécialisation acquise à travers les modules libres et les options. Cependant, le nombre minimum de crédits requis n’offre pas cette possibilité. La seule mention autorisée sur les diplômes de Bachelor est la mention bilingue allemand-français.

Législation concernant le nom de la filière

Il est important de noter finalement qu’un nom de filière n’est pas libre de choix, il est inscrit dans l’ordonnance du Département fédéral de l’économie de la formation et de la recherche (DEFR). Cette décision se prend au niveau du rectorat (HES-SO), la Haute École n’a donc aucune marge de manœuvre sur cette dénomination.

La réponse à la question « La filière Tourisme porte-t-elle bien son nom ? » est donc très subjective et il s’agit moins du type de cours suivi, que de l’approche générale axée tourisme, qui définit cette filière. C’est à nous, étudiant·e·s, de démontrer nos capacités - notamment à l'aide de l'e-portfolio, outil qui met en lumière les compétences acquises lors des projets réalisés - et la richesse de nos parcours respectifs.