La Nursing Team Academy

Au départ, ils étaient 15. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 8 étudiant∙e∙s en deuxième année du programme Nursing Team Academy. Loin de remettre en question les fondements de ce nouveau paradigme d’apprentissage, ce chiffre confirme qu’il n’est pas donné à tout le monde de s’émanciper du cadre académique traditionnel.
Si le concept séduit par son aspect novateur, force est d’admettre que dans la pratique, certain∙e∙s étudiant∙e∙s peuvent se perdre dans la liberté qui leur est laissée. « Au début, la discipline et l’organisation (personnelle ou collective) ne sont pas faciles à mettre en place. Elles s’acquièrent tout au long du cursus. » explique Sébastien Gauye, teamster* en 2ème année.
Les étudiant∙e∙s développent ainsi l’autonomie sans pour autant être livré∙e∙s à eux∙elles-mêmes. Des « coaches » sont à disposition pour les accompagner dans leurs projets, leur enseigner les habiletés cliniques et faire le lien avec les milieux de pratique. A ce jour, une dizaine d’établissements en soins ont déjà accueilli des teamsters en stage. Tous semblent s’accorder sur la grande maturité et la réflexivité dont font preuve ces étudiant∙e∙s. Aurélien Chion, infirmier indépendant et praticien formateur à la SUVA, en est convaincu : « Lors de l’évaluation du stage, ma collègue et moi-même qui suivions deux teamsters, avons fait le même constat. Ces étudiant∙e∙s étaient clairement en avance par rapport à nos attentes en termes d’autonomie, de questionnement professionnel, de réflexivité et d’innovation. Nous leur avons soumis des situations difficiles pour tester leur leadership et cette notion même était déjà très développée en fin de première année ! ».
C’est peut-être là où réside la plus grande difficulté. Trouver la limite entre la posture réflexive, l’esprit d’initiative et la prise de position attendus de la part de l’étudiant∙e et son statut d’étudiant∙e en stage pour apprendre... Catherine Poidevin-Girard, directrice du Foyer Les Acacias à Martigny, a vécu une première expérience très confrontante avec une teamster qui n’a pas su trouver sa place au milieu des soignant∙e∙s. « On nous a bien sûr expliqué les principes de la formation. Mais dans le concret, sur le terrain, nous ne savions pas trop comment adapter notre accompagnement. Nous avons eu quelques difficultés à poser certaines limites. Et puis nous avons fait un point de situation avec les coaches où nous avons pu échanger avec d’autres institutions, partager nos expériences. Cela a permis de réajuster l’encadrement. »
Un autre point qui différencie la NTA du cursus classique est incontestablement la dynamique collective dans laquelle évoluent les teamsters. Bien au-delà des travaux de groupe, les étudiant∙e∙s se rassemblent, discutent, mangent, se motivent et se soutiennent, jusqu’à former une sorte de « communauté NTA ». « Plus qu’une formation, la NTA est devenue une véritable école de vie pour moi. » s’enthousiasme Sébastien Gauye. Une approche socio-constructiviste qui peut expliquer certaines tensions, lorsqu’il s’agit de sortir de cette bulle pour, par exemple, entreprendre un stage dans une institution.
Quoi qu’il en soit, en à peine deux ans, les teamsters ont déjà fait leurs preuves sur le terrain. Pour Catherine Poidevin-Girard : « Ces étudiant∙e∙s peuvent vraiment devenir des leaders et faire bouger les lignes. Dans les soins, c’est parfois difficile de faire changer les choses ancrées dans les institutions depuis longtemps. Les teamsters apportent des solutions nouvelles par rapport à la gestion de projet et leurs compétences personnelles. Je suis convaincue qu’ils·elles pourront apporter des arguments forts en vertu du changement. ». Aurélien Chion confirme à son tour : « Il y a sûrement plus d’abandons au début. Pour les jeunes qui sortent d’un cursus ultra-scolarisé, ponctué d’évaluations régulières, qui ont été formatés… évidemment, ça semble plus compliqué. Ils ont besoin de ce cadre. Selon moi c’est ce changement de paradigme qui induit un gros décrochage au début. Mais les étudiant∙e∙s qui sortiront de la Nursing Team Academy seront des infirmier∙ère∙s avec un raisonnement clinique hors norme. Honnêtement, je les vois à tous les postes ; ils·elles pourront et sauront s’adapter partout ! ».
Ils sont 8 aujourd’hui. 8 futurs leaders, au sens clinique du terme, qui ont le mérite d’avoir ouvert la voie à l’innovation dans la formation en soins infirmiers.
« Actuellement, nous sommes des pionniers·ères de la NTA. Il peut donc arriver que nous soyons mal compris·e·s dans l’expression de cette formation. Mais finalement, c’est ça, être pionniers·ères ! » conclut Stéphane Roessli, teamster en 2ème
année.
> Brochure Nursing Team Academy
> Informations détaillées de la formation
*Teamster : terme désignant les étudiant-e-s qui suivent un parcours Team Academy à la HES-SO Valais-Wallis (Nursing Team Academy, Digital Team Academy, Social Team Academy, Business Team Academy).