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Grand Angle EDHEA RA2023
Wednesday 07 August 2024 07:00

être à l’écoute: titre des deux premiers Symposiums Son organisés par l’EDHEA, pourrait être le slogan de l’orientation Son du Bachelor en Arts visuels. Depuis 20 ans, l’Ecole de Design et Haute Ecole d’Art enseigne l’art sonore mais ce n’est que depuis 2021, selon la volonté de proposer un cursus inédit en Suisse romande, que l’orientation existe. Comptant aujourd’hui une quinzaine d’étudiants et d’étudiantes sur les trois années du Bachelor, elle est menée par Christophe Fellay. Cet artiste sonore, chercheur, musicien, compositeur et performeur, a créé en 2004 le premier atelier dédié aux arts sonores et est devenu en 2018 professeur associé Bachelor et Master à l’EDHEA. Parmi les temps forts de l’année 2023 sur le thème du son, le deuxième Symposium Son réunissant artistes, chercheurs et chercheuses a eu pour objectif d'évoquer et réfléchir sur le vaste domaine du son, en relation avec l’art et d’autres disciplines. Cette orientation amène également des réflexions inédites sur les infrastructures du futur Campus EDHEA qui devrait voir le jour à l’horizon 2026. Précisions du responsable de l’orientation Son :

Etudier l’écoute

« Nous avons tout visualisé ! Après un 20ème siècle qui a été extrêmement visuel, durant lequel nous avons tout visualisé, y compris le son, à travers des outils dédiés et pour mieux le comprendre, la grande question qui émane de ce début du 21ème siècle est: si on apprenait à écouter ? » L’artiste sonore et chercheur insiste sur le fait que l’EDHEA « ne forme pas des ingénieures et ingénieurs du son » mais questionne sur le son à partir de la notion d’« écoute » dans sa transversalité: « l’écoute offre de nouveaux potentiels de relations entre les disciplines et c’est cet entre-deux qui nous intéresse. » Si les outils et les technologies du son peuvent s’intégrer dans la démarche, l’approche créative du son et de l’art aural est avant tout philosophique, anthropologique et sociologique. « Comment le son peut-il s’articuler avec d’autres domaines de manière chaque fois un peu singulière selon les intérêts des chercheurs et chercheuses, des artistes, voire des curateurs et curatrices ou des commissaires d’exposition ? » C’est un des thèmes des réflexions menées dans l’orientation et au cours des Symposiums Son.

être à l’écoute

Après le premier Symposium Son en 2021, l’EDHEA a organisé, à l’automne 2023, une deuxième édition « dans une logique de suite, de développement et de réflexion sur le long terme ». Toujours intitulé "être à l’écoute", ce dernier s’intégrait dans le programme de la première Biennale internationale du son qui a eu lieu en Valais. Bien qu’indépendants de cet événement culturel, le Symposium Son et le Bachelor en Arts visuels avec orientation Son ont pu bénéficier d’une caisse de résonance plus grande « permettant aux visiteurs et visiteuses venant de l’étranger notamment de savoir qu’une école d’art en Suisse s’implique dans ces questions. » Plus d’une centaine de personnes se sont déplacées pour assister aux conférences organisées, qui étaient parfois performées: « un format que l’EDHEA défend ». Il y avait la possibilité pour les contributeurs et contributrices de performer leurs propositions. Parmi eux et elles, Salomé Voegelin, une penseuse philosophe des questions sonores « très en vue au niveau européen », qui, dans un de ses livres, a consacré tout un chapitre sur sa performance donnée lors de sa visite à l’EDHEA « montrant que nous sommes au coeur de ces questions, non seulement d’une manière réflexive, mais aussi dans la diffusion de ces messages. »

S’adapter à l’écoute

Dès l'ouverture du nouveau campus, souhaitée pour la rentrée 2026, l’EDHEA pourra regrouper ses activités en un seul lieu, ce qui implique des réflexions inédites sur la cohabitation des différentes formes d’arts pratiquées. « Mettre une centaine d’étudiantes et étudiants sur le même étage pour travailler dans les domaines des arts visuels, ce n’est pas la même chose que d’y intégrer une trentaine qui thématisent le sonore. » Aussi, la question de la circulation du son et des travaux à travers le bâtiment se pose: « si nous travaillons en sous-sol, à la prise de son, comment, lorsque nous retournons dans nos ateliers au 5ème étage, avons-nous accès à ces données sans devoir gérer et transporter des supports externes ou mobiles ? »

Partager l'écoute

Le nouveau campus comportera un salon d'écoute unique en son genre en Europe. « On pense aussi à une adresse publique de notre philosophie du son avec un espace d’écoute, ouvert au public et qui sera à la pointe en termes de diffusion sonore. » L’enjeu est de comprendre comment les locaux dédiés à nos différentes pratiques artistiques peuvent rester aussi évolutifs pour s’adapter aux futures évolutions dans l’art: « dans 30 ans, on ne sait pas si le numérique aura toujours la même forme. Est-ce qu’on enseignera de la même manière, pour le même type d'étudiantes et d'étudiants ? L’école doit être adaptable, modulable et doit pouvoir suivre les évolutions. »

Le Bachelor en Arts visuels avec orientation Son thématise la question de l’écoute. Les travaux rendus par les étudiants et étudiantes ne doivent pas nécessairement être du son. Que ce soit un dessin, une photographie, une installation, une performance, etc. la proposition doit thématiser les questions liées à l’écoute et au sonore. Cette orientation compte environ 5 à 6 étudiants et étudiantes par année de Bachelor. Ces derniers et dernières intègrent l’orientation après une discussion avec l’équipe enseignante, à la fin du premier semestre, afin de comprendre si leurs intérêts peuvent se développer autour des questions sonores. Pour celles et ceux qui intègrent l’orientation Son, ce medium deviendra la colonne vertébrale de leur cursus sans en devenir le medium exclusif, les étudiants et étudiantes choisissant deux autres unités.