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hespresso_mayliss
Monday 26 September 2022 15:12

LE DOSSIER - Pour certain·e·s, elles représentent un maillon fort entre le corps professoral et les étudiant·e·s. Pour d’autre, elles ne servent qu’à organiser des soirées et faire la fête. Durant ces deux dernières années hors norme, les membres actifs des associations d’étudiant·e·s de la HES-SO Valais-Wallis ont dû se réinventer. Des efforts qui ont mis en lumière un lien trop souvent oublié : celui qui existe entre l’engagement étudiant et des études réussies. Retour sur les péripéties covidiennes de nos associations d’étudiant·e·s et le rôle qu’elles ont joué.


Elles ont été totalement prises au dépourvu. Comme nous tous·te·s. Figées dans les phares du COVID. Les comités des associations d’étudiant·e·s de la HES-SO Valais-Wallis se sont retrouvés, du jour au lendemain, à n’avoir de contacts sociaux avec les autres étudiant·e·s que par écrans interposés. Et comme chacun·e d’entre nous, ils ont tenté de répondre à la question centrale du moment : comment continuer à remplir notre rôle efficacement ?

Selon les membres des comités des associations d’étudiant·e·s de la HETS, de la HEG et de la HEI que nous avons rencontrés, la tâche ne fut pas aisée. Pour certains·e·s, elle fut même insurmontable. Mais elle nous permet aujourd’hui de remettre en valeur l’importance de ces associations et leur rôle, bien plus important qu’il n’y parait, au sein des institutions d’enseignement supérieur.

La force des liens IRL

Dès les premiers jours de mars 2020, les comités des associations d’étudiant·e·s se sont concertés afin de proposer des activités aux étudiant·e·s de leurs écoles respectives. L’idée était simple : garder contact. Mais rapidement, ils se sont rendu compte de la difficulté de la tâche. « Nous avons essayé d’organiser des rencontres en ligne, notamment des jeux, mais ç'a été catastrophique. Personne ne voulait participer » se rappelle Renaud Lugon, membre et ancien président de l’AeHEG. Un constat partagé par Valentin Rey, président de l’AeHESTS qui se souvient avoir mis en place des activités pour « créer des connexions virtuelles avec les autres étudiant·e·s durant le COVID pour remplacer les vraies connexions, mais ça n’a pas pris. Les étudiant·e·s avaient besoin de se voir en vrai. Le substitut n’a pas fonctionné, ç'a été un échec ».

Rajoutez à cela les Directions des différentes Hautes Ecoles qui, face aux risques que représentait cette pandémie, ne désiraient pas encourager les rencontres des étudiant·e·s à l’extérieur et toutes celles et ceux qui, face à des problèmes financiers, n’eurent pas d’autre choix que résilier le bail de leur appartement, plusieurs associations baissèrent les bras. Du moins temporairement. « Nous étions totalement impuissants » se rappelle Julien Sugnaux de l’AeHEI.


« Touché » par Lionel Mathis, Bachelor en Arts Visuels à l’EDHEA.

 


Le verre… à moitié plein ?

Mais l’homme est un animal social et va généralement tenter de rétablir l’équilibre de ses besoins sociaux. Valentin Rey assure que participer à cette association l’a beaucoup aidé : « On était un groupe de potes hyperactifs, on se parlait, on avait un objectif, des projets et ça nous a soudé·e·s. » D’autres comités se sont momentanément perdus de vue, trouvant du lien social chez les ami·e·s habitant à proximité. « Nous avons continué à nous voir en petits groupes, mais il n’y avait aucun mélange social. Nous ne voyions que les personnes que nous connaissions déjà » affirme Julien Sugnaux. Puis, après quelques secondes de silence : « Bon, sinon Tinder marchait assez bien aussi ».

Certain·e·s profitèrent des cours enregistrés pour monter sur les pistes de ski lorsque les conditions étaient les meilleures et « on rattrapait les cours le samedi. Ou pas. Pour les plus discipliné·e·s, le COVID a été une chance » murmure-t-il encore. 

Comme toute situation de crise, la pandémie a accentué les déséquilibres préexistants, aussi bien à un niveau social, qu’organisationnel ou psychologique (voir l’interview de Sabrina Alberti à la page suivante). Si certain·e·s ont su tirer profit de cette crise pour réfléchir, d’adapter, apprendre à peindre ou créer une marque d’habits (voir p.XX), d’autres, plus fragiles, ont eu besoin d’aide pour retrouver un équilibre et des repères mis à mal par la crise du COVID. D’autres ont abandonné les études « avant même qu’on ait pu les rencontrer en vrai » précise encore Julien Sugnaux. Or, pour réinsuffler de la vie et de la passion dans des quotidiens affadis par la pandémie, les associations d’étudiant·e·s ont eu un rôle important à jouer.

En sortie de COVID, les associations d’étudiant·e·s ont organisé quelques belles soirées. Et malgré certaines craintes, les étudiant·e·s ont répondu présent. « Une fois les dernières restrictions levées, nous avons organisé une grosse soirée. 300 étudiant·e·s sont venu·e·s, c’était incroyable, tout le monde avait besoin de se revoir » se rappelle Bastien Gerster, responsable communication de l’Ae HESTS. Même son de cloche du côté de la HEI où la première soirée post COVID organisée a été « un véritable exutoire pour les étudiant·e·s ».


Ciment social et gage de réussite

L’engagement étudiant est important aussi bien pour les étudiant·e·s que pour l’institution à laquelle ils·elles appartiennent. Marianna Gulizia, accompagnée de Geneviève Le Fort, Vice-rectrice Qualité de la HES-SO, a réalisé une étude sur le sujet en avril 2019, soit juste avant le COVID. Les résultats sont clairs : « Cet engagement, qui a lieu bien souvent en dehors des salles de cours, peut avoir une influence considérable sur l’expérience étudiante et donc sur les études. Il renforce clairement le sentiment d’appartenance et le lien avec l’institution ; il favorise le gain d’expérience et de connaissance pour les étudiant·e·s et l’institution ; il contribue au succès dans les études avec un impact direct sur les notes ; et il peut améliorer les chances d’employabilité. Enfin, il contribue à la formation d’étudiant·e·s citoyen·ne·s. ».

Vie sociale et études réussies

Les freins à l’engagement étudiant sont parfois nombreux, mais les avantages qui en découlent peuvent l’être également, aussi bien pour l’étudiant·e concerné·e, que pour tous·tes les autres de son école. En effet, les associations d’étudiant·e·s jouent un rôle de soutien important sur toutes les questions pratiques ou administratives relatives aux études, créant ainsi un réseau d’entraide entre étudiant·e·s. D’autres associations ont une approche thématique, comme le collectif HES-Eco qui promeut la transition écologique et le lien social. Tout à la fois, elles peuvent donc jouer le rôle de coach et de soutien. Elles favorisent aussi l’émergence d’un engagement citoyen, souvent associé à la création de valeurs fortes. Celles-ci génèrent du sens, de la motivation et des objectifs dynamisants. S’engager dans une association d’étudiant·e·s offre ainsi la possibilité de renforcer son cercle social et faire la fête, mais pas uniquement. Il génère un impact positif sur la réussite des études et la recherche d’un premier emploi. Se divertir, discuter toute la nuit, rencontrer de nouvelles personnes et échanger passionnément sur le monde de demain ne constitue en rien du temps perdu. Au contraire, il s’agit des fondations sur lesquelles les étudiant·e·s pourront appliquer les compétences acquises durant leurs études.