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Henning Müller & Mara Graziani
Wednesday 07 September 2022 09:40

A quelques jours d’intervalle, le magazine Bilanz et le journal Le Temps ont sacré les Digital Shapers 2022 (100 personnalités qui façonnent le numérique en Suisse) et les 100 personnalités qui font la Suisse romande. Henning Müller, Professeur ordinaire à la HES-SO Valais-Wallis et Responsable de l’Unité eSanté de l’Institut de recherche en informatiqueFlorian Evéquoz responsable du domaine Economie et Services de la HES-SO et Mara Graziani, Post-doctorante au sein de l’unité eSanté ont été nommés respectivement Digital Shaper 2022 et élue au Forum des 100.

Forum des 100 et Digital Shapers – une reconnaissance régionale et nationale

Plateforme de débat articulée autour d’une conférence annuelle, le Forum des 100 réunit chaque année, depuis dix-huit ans, des personnalités de tous horizons. Durant une journée entière, les invité·es débattent de questions essentielles à l’avenir de la Suisse afin de promouvoir l’esprit d’ouverture de la région romande. Un numéro spécial consacré aux « 100 personnalités qui font la Suisse romande » met en avant une volée d’« élu(e)s » qui contribuent à l’esprit d’innovation propre à la Suisse romande. Mara Graziani, Post-doctorante à l’Institut Informatique a donc été choisie pour faire partie de ces 100 personnalités, grâce à l’excellence de sa thèse de doctorat sur l’interprétabilité et l’explicabilité des algorithmes d’intelligence artificielle.

L’unité eSanté de l’Institut Informatique voit une deuxième personne primée : le Professeur Henning Müller a été nommé Digital Shapers 2022, reconnaissance nationale décernée conjointement par la Fondation digitalswitzerland, les magazines Bilanz et PME ainsi que la Handelszeitung. Un jury a choisi parmi les esprits novateurs tournés vers l'action, celles et ceux qui ont repoussé les limites de leurs réflexions et de leurs actions pour permettre à la Suisse de maintenir le cap sur le succès numérique. Ces personnes sont à l'origine d'avancées prometteuses dans divers domaines. Henning Müller a été récompensé dans la catégorie eMedics pour sa contribution à la recherche dans la médecine personnalisée assistée par des algorithmes d’intelligence artificielle.

Le Professeur Florian Evéquoz, responsable du domaine Economie et Services de la HES-SO a également été récompensé dans la catégorie Infrastructure Builders. Il a cofondé datastory.ch - une startup de science et de visualisation des données - et Youser - une agence User Experience. Il est impliqué dans divers projets numériques qui façonnent le paysage social et politique de la Suisse, parmi lesquels les plateformes Fair Election et Qui vote quoi.

Henning Müller et Mara Graziani, l’intelligence artificielle au service de l’humain

C’est avant tout un travail d’équipe que met en avant Henning Müller lorsqu’il s’agit de s’exprimer sur la reconnaissance nationale personnelle qu’il reçoit en tant que Digital Shapers 2022. Le travail visible sur le territoire suisse est d’abord celui de la trentaine de collègues de l’unité eSanté et de la quinzaine de collaborateur·trices de son laboratoire de recherche MedGIFT. Grâce aux talents nationaux et internationaux de ce laboratoire, le projet européen EXAMODE, d’un budget de cinq millions, est coordonné à Sierre par Henning Müller et Manfredo Atzori, Adjoint scientifique. Un travail important au service des clinicien·nes, mais surtout des patient·es qui permet à l’intelligence artificielle d’annoter des images médicales de manière standardisée afin de soutenir le travail des équipes médicales surchargées. Ainsi, les algorithmes produits en partie à Sierre sont déjà utilisés par les partenaires académiques, économiques et médicaux qui voient des listes de pathologies digitalisées et des images radiologiques annotées de manière aussi performante qu’une annotation manuelle. Ce temps précieux épargné aux clinicien·nes leur permet de se concentrer sur leurs patient·es.

Mara Graziani travaille elle aussi sur les algorithmes destinés à l’usage médical. Mais si les performances de ces derniers impressionnent, il est primordial d’établir un lien de confiance entre les clinicien·nes et les technologies utilisées. Ainsi, le travail d’interprétabilité de Mara Graziani est essentiel afin d’expliquer le fonctionnement de la prise de décision par la machine et de savoir si les données obtenues sont sûres. Ces recherches visent à comprendre comment fonctionnent les algorithmes et à restreindre le fossé entre ce qui est développé par la communauté de recherche et les besoins sur le terrain. Il s’agit avant tout de proposer des technologies fiables, notamment grâce au projet européen AI4media (réseaux d’excellence en intelligence artificielle) qui se concentre sur l’éthique, l’explicabilité et la reconnaissance des faux dans le domaine des médias. Ce type de recherche n’intègre pas uniquement des technicien·nes mais également des philosophes, des juristes, des sociologues et des éthicien·nes qui réfléchissent aux droits des utilisateur·trices et aux devoirs des fournisseurs de technologies.

La médecine personnalisée, une histoire de technologie et de confiance

La confiance dans le corps hospitalier est aussi importante que celle accordée aux machines qui décryptent nos données médicales. Pour rester pertinent et concret dans les projets de recherche menés, pour avoir un impact positif auprès de la population et pour publier des résultats de recherche utiles à l’ensemble de la communauté scientifique, Henning Müller et l’ensemble de son équipe ont choisi un mode de travail horizontal et participatif. « Nombre de mes collègues en savent plus que moi sur des sujets spécifiques ; à moi de coordonner leurs activités et de leur fournir un environnement de travail agréable, le financement adéquat et un matériel de pointe pour que chacune et chacun puisse se consacrer à la recherche appliquée. » C’est ainsi que l’unité eSanté fonctionne : par les échanges, l’émulation et le dialogue. La technologie peut beaucoup, mais sans la confiance, elle ne sera pas utilisée par les clinicien·nes ni acceptée par la population. Si l’équipe maîtrise le machine learning, l’intelligence artificielle et les algorithmes, elle est également capable de construire de la confiance en son sein mais aussi entre la technologie et l’humain. Preuve en est, dans un monde largement dominé par la gent masculine, pour un total de dix doctorants, sept doctorantes ont trouvé leur place pour imaginer une médecine personnalisée et digitalisée au service de toutes et tous.

Le digital au service de la politique

En plus de son engagement à la HES-SO, Florian Evéquoz est l’un des membres de la Constituante qui a pour mission de réviser la Constitution valaisanne. Dans ce contexte, il a contribué à prendre en compte les enjeux liés à la transformation numérique et notre relation avec les robots : « L'écriture d'une Constitution offre une chance d'énoncer nos ambitions communes à long terme, en tenant compte par exemple des robots et des technologies numériques omniprésentes. D'une part, elle nous permet d'inventer de nouveaux outils pour protéger la société et les institutions contre des effets potentiellement néfastes. Les droits individuels, l'intégrité numérique et une interaction avec des êtres humains (et pas seulement des agents artificiels) sont des réponses à ces risques. D'autre part, ancrer dans la Constitution que les données gouvernementales doivent être librement accessibles ouvre de nouveaux horizons à l'innovation. »