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Séminaire éthique
Thursday 31 March 2022 10:59

Dialoguer sur les chances et défis de l'innovation

Les étudiant·e·s des filières Informatique de gestion et Systèmes industriels de la HES-SO Valais-Wallis ont suivi durant une journée le laboratoire ethix qui met en lumière les enjeux éthiques de la transition numérique. Grâce à son cofondateur Johan Rochel, les participant·e·s ont pu échanger sur une thématique très importante pour leur domaine d'étude et leur future carrière. 

Nous avons interrogé Johan Rochel pour en savoir plus sur ce séminaire 

Interview de Johan Rochel, cofondateur de ethix.ch

Qu’est-ce que l’éthique du numérique et en quoi consiste ce séminaire ?

L’éthique du numérique porte sur les questions de valeurs auxquelles nous confrontent les outils numériques, aussi bien leur design que leur utilisation. Ces outils bouleversent la façon dont nous travaillons, communiquons et plus généralement organisons la vie en société. Et ces bouleversements posent autant de questions éthiques : comment bien concevoir ces outils ? quel sera leur impact sur nos interactions ? comment éviter une tentation de surveillance ? 

Ce séminaire s’adresse aux futur·e·s professionnel·les qui seront amenés à designer ces outils et à les déployer dans les entreprises et les institutions publiques. Il est crucial qu’ils développent la compétence d’identifier un défi éthique et d’y apporter des réponses.

Quelle est la plus-value d’un tel séminaire pour des étudiant·e·s suivant une formation en Informatique de gestion ou en Systèmes industriels ?

Cette introduction à l’éthique vient renforcer les compétences des étudiant·e·s. D’une part, le cours permet d’intégrer des compétences directement utiles à leurs activités d’ingénieurs, par exemple une réflexion sur l’éthique de l’interface humain-machine, l’éthique des données ou l’éthique de l’IA. Ces compétences font partie de ce qui caractérise un bon professionnel. D’autre part, nous traitons également de l’éthique comme intégrité au sein d’une entreprise. Comment se ménager des marges de manœuvre pour être capable d’agir et de décider en cohérence avec ses valeurs et les valeurs de l’entreprise ? Ces tensions vont les accompagner dans leur vie professionnelle à venir.

Concrètement, comment l’éthique du numérique s’applique-t-elle dans le domaine de l’informatique et de l’ingénierie ?

Designer et implémenter un outil numérique implique trois grands types de défis éthiques à traiter impérativement. Premièrement, le design de l’outil nous confronte avec des défis d’éthique des données et de l’interface entre les utilisateurs et la machine. Il faut également clarifier qui porte quelles responsabilités dans l’utilisation de l’outil, notamment si un problème survient. Deuxièmement, quel sera l’impact de l’outil sur les interactions au sein de l’équipe, avec les clients ou même pour l’ensemble de la société ? La question de l’automatisation et de son impact sur les emplois et la manière dont nous travaillons est une question majeure. Troisièmement, ces choix d’éthique numérique ont un impact sur les grands récits qui structurent notre vie en société, par exemple le rapport entre l’humain et la machine. Y a-t-il concurrence entre les deux ou la machine est-elle plutôt un instrument au service de l’humain ? Ce genre de récit a un impact sérieux sur la communication et le marketing autour d’un produit numérique.

Un conseil éthique que vous donneriez à ces étudiants pour leur future carrière ?

Ne pas croire ni faire croire que l’innovation technologique est neutre. Les outils et les services numériques que les entreprises développent ne sont jamais neutres. Ils reflètent toujours un choix de valeurs, d’objectifs, une pesée d’intérêts entre des éléments qui sont parfois contradictoires. Le bon ingénieur est celui qui reconnaît cette réalité, qui peut justifier ses choix de design et qui peut les expliquer aux utilisateurs. Cela fait pleinement partie de son travail.

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