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Monday 15 June 2020 09:17

Marylou et Allison sont étudiantes en Travail social. La pandémie du Coronavirus a quelque peu modifié la pratique de leur futur métier… Elles nous partagent leur expérience, suivie d’un témoignage de la famille dans laquelle elles sont intervenues, par écrans interposés !

"Durant notre troisième semestre à la Haute École de Travail Social (HETS), tous les étudiant-e-s sont amené-e-s à intervenir dans diverses institutions. Dans notre cas, nous devions proposer des activités à des jeunes entre 3 ans et 14 ans dans le Foyer Inalp à Vernamiège. Nous y sommes allés deux après-midis, puis, nous avons dû arrêter à la suite de la pandémie de Coronavirus. Dans le but de valider notre module, notre professeur nous a proposé, en vue de la situation de changer de contexte pour nos interventions.

À la place d’intervenir dans une institution, nous devions prendre contact avec des familles de notre entourage dans le but de leur donner une petite bouffée d’air frais par semaine. Nous avions pour consigne de leur proposer, une fois par semaine, par vidéo conférence, des activités ludiques qui leur permettent de passer un bon moment ensemble. De plus, nous devions parler avec eux du « vivre ensemble », comprendre et échanger sur la manière dont ils vivent le semi-confinement, l’école à domicile.  

Dans un premier temps nous avons eu des difficultés à trouver des familles preneuses de nos interventions. Les deux premières familles qui ont répondu favorablement semblaient très enchantées de notre proposition et même soulagées que nous occupions un petit peu de temps dans leur semaine. Malheureusement, une fois que les interventions devenaient concrètes, elles nous exprimaient leur crainte quant au fait que cela prendrait du temps, leur peur de ne pas réussir à être présente et que cela soit plus contraignant que bénéfique. Malgré de nombreuses discussions ou essais de discussion avec elles, elles ont préféré ne pas participer à nos interventions. Les familles se sont généralement rétractées au dernier moment ce qui nous a placé dans une position quelque peu désagréable. Nous avons dû rebondir rapidement afin de débuter nos interventions dans les temps demandés par l’école.

Finalement, nous avons trouvé une nouvelle famille. Toutefois, les enfants n’étaient pas dans la tranche d’âge que nous avions imaginé lors de la préparation des activités. Nous avions pensé intervenir avec des enfants entre trois et sept ans, ceux-ci avaient douze et quatorze ans. Malgré cela, la famille a été très preneuse de nos propositions et a accepté de faire cela durant toute la durée du confinement. Dans un premier temps, les membres de cette famille étaient curieux de savoir ce que nous allions leur proposer par vidéo conférence et comment est-ce que les activités allaient se dérouler. Lors de la première intervention, ils ont compris le concept et l’ont réellement apprécié. Depuis cela, ils étaient impatients de recommencer de de découvrir les nouvelles activités.    

Nos interventions avaient lieu le jeudi après-midi. Pour que la famille puisse préparer le matériel nécessaire, si besoin, nous leur envoyions un message tous les mardis avec la liste des affaires ainsi qu’une demande de confirmation de l’heure de rendez-vous.

Concrètement, nos interventions se passaient généralement toute selon le même procédé. Nous commencions par demander à la famille comment elle va, comment se passe le confinement, est-ce qu’ils et elles remarquent des difficultés ou des avantages à être semi-confinés tous ensemble ? Ensuite, nous donnions les consignes, puis nous passions aux activités. Durant celles-ci, nous avions pensé être uniquement animatrices ainsi que gardiennent du temps. Cependant, les enfants de la famille nous ont demandé durant la quatrième activité si nous pouvions y participer avec eux.          

Le fait d’avoir un échange à distance avec la famille ne nous a pas dérangé. Nous sommes dans une société de technologies et de médias, c’est pourquoi nous maîtrisons relativement bien ces moyens de communication. Selon nous, la particularité du contexte de semi-confinement a permis de travailler sur notre capacité d’adaptation aux situations, notamment au niveau des activités que nous avons dû réadapter, changer et créer. Nous avons aussi pu travailler sur notre créativité, la manière dont nous créons des liens et les maintenons et l’organisation.

Pour conclure, nous trouvons que ces interventions ont été tout autant bénéfiques pour la famille que pour nous. Nous leur avons permis de passer de bons moments, de rythmer leurs semaines. Et nous avons pu améliorer beaucoup de compétences professionnelles attendues par notre formation, tout en passant de chouette moments avec eux."

 

Témoignage de la famille

"Nous avons été contactés début avril par Marylou et Allison. Elles proposaient à notre famille de faire des interventions ludiques de 30 à 40 minutes par semaine, du 9 avril au 10 mai. En cette période de pandémie et de semi-confinement, la perspective de cette fenêtre de respiration et de jeu a été bien sûr très bien accueillie et les enfants étaient contents à cette perspective. Nous avons donc donné notre accord et nous n’avons pas été déçus. A chaque fois, nous étions curieux de savoir quelles activités Marylou et Allison nous avaient préparées. Évidemment, la perspective de converser par écran interposé ne s’annonçait pas forcément des plus conviviales. Et pourtant. Leur professionnalisme et leur enthousiasme ont permis d’oublier en grande partie la dimension immatérielle de l’échange. Que cela soit en raison des difficultés de se connecter aux différents sites de discussion en ligne auxquels nous avons recouru ou les situations de jeux, les rires et fous rires ont fusé comme dans « la vraie vie » !

A chaque fois, nous recevions des consignes précises sur le matériel à avoir avant de se connecter, en général du papier et des crayons. Les consignes et les règles du jeux étaient précises et claires. Les premiers jeux consistaient par exemple à faire redessiner une image que montraient les deux étudiantes à une première personne qui en faisant passer la description en chuchotant, dans une chaîne, jusqu’à la 4e personne qui devait alors dessiner. Ce jeu du « téléphone arabe » revisité était très drôle. Un autre jeu consistait à écrire le nom de personnages ou d’actions sur des papiers tirés ensuite au sort. La personne qui lisait le billet devait alors le faire deviner par une description, un mot puis un mime. Nous nous sommes pris au jeu et à la petite compétition entre deux équipes de deux, enfants contre parents. Une autre fois, il fallait faire deviner un mot aux deux étudiantes en créant une figure avec nos quatre corps. Entre les jeux, c’était aussi l’occasion de prendre des nouvelles et de voir comment ce semi-confinement était vécu à Lausanne et à Sierre. Les enfants ont particulièrement aimé la dernière séance où nous avons cuisiné ensemble des brownies. Marylou et Allison nous avaient envoyé au préalable la liste des ingrédients à acheter et nous ont guidé au fur et à mesure de la recette. Nos enfants ont bien aimé cuisiner par écran interposé, une première pour eux. Et pour nous aussi ! On se serait cru dans un « Top Chef » interactif. Et surtout, le résultat était délicieux. Du reste, nous nous sommes envoyés des photos des brownies. Les enfants ont aussi bien aimé pouvoir se distraire avec de vraies personnes tout en respectant les distances de sécurité. Pour nous tous, cela nous a permis de rompre la monotonie qui pointait parfois avec cette petite plage ludique. Que l’occasion nous soit donnée ici de remercier Marylou et Allison pour ces très bons moments qui auront marqué cette période particulière dont on se souviendra sans doute longtemps."