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Définition de critères nationaux et internationaux à l’aide d’un groupe d’experts pour émettre des recommandations pour le suivi de traitements physio avant, pendant et après une crise sanitaire de type Coronavirus

Physiothérapie HES-SO Valais-Wallis

Définition de critères nationaux et internationaux à l’aide d’un groupe d’experts pour émettre des recommandations pour le suivi de traitements physio avant, pendant et après une crise sanitaire de type Coronavirus

Problématique

En tant que professionnels de la santé, les physiothérapeutes ont joué un rôle clé durant la crise du COVID-19. Les personnes travaillant en cabinet ont poursuivi les traitements urgents afin que les patients nécessitant de la physiothérapie puissent être pris en charge ainsi que pour éviter une surcharge des services d’urgence. Pour cela, une adaptation de la pratique a été nécessaire. Les cabinets ont dû se réorganiser et mettre en place un nombre important de mesures d’hygiène et de précautions afin d’éviter toute contamination.

Les physiothérapeutes exerçant en hôpital et en centres de réhabilitation ont, quant à eux, pris en charge des patients souffrant de COVID-19, maladie qui était encore inconnue jusqu’alors. Dans ce contexte, ils ont travaillé ardûment, parfois jour et nuit, afin que les patients atteints du SARS-CoV-2 bénéficient des meilleurs soins possibles. A la suite de la phase aigüe, les physiothérapeutes ont poursuivi leur travail afin que les patients qui avaient été atteints du virus puissent bénéficier d’une rééducation efficace et ciblée et retrouver leurs fonctions.

Le projet de recherche « ReSPeCT » est composé de deux parties. La première partie a été réalisée sous-forme de sondage en ligne diffusé à l’ensemble des physiothérapeutes en Suisse et comprenant quatre grands thèmes. Le premier concerne l’évaluation du risque d’exposition des physiothérapeutes au SARS-CoV-2 ; le deuxième s’intéresse aux traitements des patients post-COVID-19 en physiothérapie ; le troisième concerne les recommandations, les précautions et les règles d’hygiène mises en place dans les cabinets et les services de physiothérapie durant la période de COVID-19 ; le quatrième s’intéresse à la télé réhabilitation, approche qui pourrait constituer une alternative à la physiothérapie traditionnelle en cas d’épidémie, ou en temps normal dans le futur.

La deuxième partie du projet « ReSPeCT » est une enquête de type Delphi qui consiste à créer un consensus d’experts sur la prise en charge des patients post-COVID-19 en physiothérapie. Un tel consensus est une nécessité puisque le SARS-CoV-19 est un virus très récent et qu’il n’existe pas encore de bases scientifiques claires sur lesquelles s’appuyer pour le traitement des patients post-COVID-19 en physiothérapie. L’élaboration d’un consensus a pour but de guider les physiothérapeutes dans leur pratique avec ces patients.

Principaux résultats

Concernant le sondage auprès des physiothérapeutes suisses, 1362 personnes y ont participé, entre le 21 mai et le 30 juin 2020. 546 (40%) répondants exercent en Suisse romande, 669 (49%) en Suisse alémanique et 148 (11%) en Suisse italienne. 265 (19.5%) physiothérapeutes ont été en contact avec des personnes infectées par le SARS-CoV-2. 28 (2%) physiothérapeutes ont été eux-mêmes infectés et 60 (4%) supposent qu’ils ont été infectés par le SARS-CoV-2. Parmi ces personnes, 21 (24%) participants disent avoir été infectés par un collègue positif, 40 (46%) par un patient positif, 21 (24%) pensent avoir été infectés à la maison, 13 (15%) à l’extérieur, 2 (2%) en côtoyant un ami infecté et 16 (18%) d’une autre manière1.

En moyenne, au terme du sondage (30 juin 2020), en Romandie, les physiothérapeutes avaient déjà traité 4.14 patients post-COVID-19, en Suisse alémanique 0.49 patient et en Suisse italienne 0.88 patient.

Les physiothérapeutes se sentent plutôt aptes à traiter les patients post-COVID-19. Lorsqu’ils ont dû évaluer leur aptitude entre 0 et 100%, les Romands et les Suisses allemands ont répondu en moyenne qu’ils se sentaient aptes à 66% et les Tessinois à 69%.

Concernant les instructions au sujet des règles d’hygiène et des précautions à mettre en place dans les cabinets, 858 (63%) physiothérapeutes les ont trouvées claires. Quant à leur application, 455 (33%) physiothérapeutes disent avoir eu de la peine à les appliquer. 271 (20%) ont eu de la peine à respecter les distances sociales, 197 (14%) ont eu des difficultés liées à l’utilisation du matériel, 279 (20%) ont eu des difficultés à définir avec quels patients poursuivre le traitement en phase de confinement, 113 (8%) ont eu des difficultés à adapter certains lieux et 88 (6%) ont eu d’autres difficultés, principalement concernant l’obtention du matériel.

Les physiothérapeutes ont un certain intérêt pour la télé réhabilitation. Toutefois, parmi les répondants au sondage, seuls 410 (30%) sont favorables à la télé réhabilitation mais 866 (63%) trouvent que cette forme de thérapie devrait être remboursée.

Les réponses de l’enquête au sujet des déficits rencontrés chez les patients souffrant de COVID-19 et de leur fréquence, des tests à effectuer ainsi que des moyens de traitement à utiliser ont servi de base à l’élaboration de l’étude Delphi. Parallèlement, afin que les questions posées aux experts soient pertinentes, différents entretiens ont été menés avec des physiothérapeutes suisses bénéficiant d’expérience dans le traitement des patients atteints du SARS-CoV-2.

L’étude Delphi est encore en cours auprès d’experts suisses et européens et nous attendons les derniers résultats pour fin septembre. Cela permettra de publier les recommandations de prise en charge des patients post-COVID-19 avant l’automne, période durant laquelle plusieurs experts attendent une deuxième vague.

Difficulté(s) rencontrée(s) / Enseignement(s) à tirer du projet

En ce qui concerne le sondage adressé à l’ensemble des physiothérapeutes, il a été difficile de traiter les différents thèmes de manière approfondie sans que cela ne rende le questionnaire trop long. Cela nous a conduit à différentes discussions permettant notamment de cibler les thèmes à traiter. Une autre difficulté a été de tenir compte de la rapidité de l’évolution de la situation. En effet, les réponses aux questions étaient susceptibles de varier selon le moment de la crise.

Concernant l’enquête de type Delphi, la difficulté principale a été de décider comment définir les experts étant donné que le SARS-CoV-19 est un virus très récent. Il était légitime de se demander s’il existait déjà des thérapeutes pouvant être qualifiés d’experts dans le domaine. Ce point était crucial pour notre projet et nous a mené à différentes discussions pertinentes et enrichissantes qui nous ont finalement permis la création d’une liste d’experts.

Ce projet nous a également permis de nous rendre compte de la rapidité avec laquelle une situation évolue lors d’une pandémie. Nous avons aussi réalisé qu’il fallait une énorme flexibilité et réactivité pour mener à bien un tel projet durant une pandémie.

1 Etant donné que les participants pouvaient cocher plusieurs réponses, la somme ne donne pas 100%.