Editorial

Durant deux ans, nos vies à toutes et à tous ont été lourdement impactées. Notre quotidien a été chamboulé, nos habitudes bouleversées, le travail et les études réinventés, notre santé parfois mise à rude épreuve.

Certain·e·s y ont même laissé la vie. Si apparemment nous pouvons considérer que cette étape de nos vies est maintenant révolue (oui, je pèche par excès d’optimisme), qu’en restera-t-il dans 20 ans ? Sommes-nous toutes et tous passé·e·s à travers – parfois en tirant la langue, certes – sans qu’aucune cicatrice n’ait
imprimé nos esprits d’une marque indélébile ? L’homme n’est-il pas un animal social par essence ? J’ai du mal à imaginer qu’un bouleversement total de nos habitudes durant plus de 700 jours ne génère aucun automatisme de rééquilibrage. Et si rééquilibrage il y a, comment se présentera-t-il ?
Et chez qui ce phénomène sera-t-il le plus frappant ?

D’ici 10, 15 ou 20 ans, il y aura peut-être une génération COVID. Une génération de personnes dont on dira qu’elles furent les plus touchées par la pandémie. Alors
s’agira-t-il d’une génération particulièrement habile dans l’exercice de l’adapta tion ? Sera-t-elle plus efficace et à l’aise que les autres générations dans des situations d’incertitude ? Arrivera-t-elle plus facilement à rebondir et prendre des décisions sans avoir toutes les cartes en main ? Ou à l’inverse, sera-t-elle moins sensible à l’importance de la vie sociale ? Meilleure dans l’exercice d’activités plus créatives ou plus solitaires ? 

Ce numéro du magazine hespresso va porter sur l’impact social du COVID. Grâce à l’expérience et aux témoignages de professeur·e·s, étudiant·e·s et collaborateurs·trices de l’école, nous allons vous présenter quelques pistes de réflexion qui, peut-être, vous permettront de mieux comprendre comment vous-mêmes êtes passé·e·s à travers cet épisode hors du commun et comment ce dernier peut nous aider à y voir un peu plus clair sur nous-même.

Julien Robyr, rédacteur en chef