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Monday 04 December 2023 09:30

QUE SONT-ILS DEVENUS - Pour beaucoup d’entre nous, l’IA est une sorte d’œil de Moscou utilisé par les geeks pour régner sur le monde. On admire le potentiel de la machine, autant qu’elle nous fait peur. Calixte, lui, a été pris dans l’engrenage depuis tout petit. A l’époque même où nous apprenions à prononcer « Kevin is in the Kitchen », Calixte évoluait dans la Silicon Valley aux côtés de son papa, senior manager chez Google. Parfaitement bilingue, le sédunois d’origine a accompli sa high school en Californie avant de renouer avec ses racines valaisannes, à l’âge de 18 ans.

Intelligence Non Artificielle

Une histoire de gènes, ou pas, Calixte avoue avoir suivi les traces de son paternel en se tournant tout naturellement vers l’informatique, à la Haute Ecole de Gestion. Un premier stage-passerelle auprès de l’institut Informatique, puis un Bachelor suivi de trois années back to l’institut en tant qu’assistant de recherche. « Avec le professeur Dominique Genoud, on travaillait sur du data et dans le machine learning. C’était passionnant. Mais au fond de moi, je sentais qu’on grattait la surface de tout ça. » Pour aller plus loin, Calixte effectue un Master en Intelligence Artificielle auprès de l'Idiap et d'UniDistance et rédige un mémoire pratique pour l’entreprise Eversys SA qui l’emploie toujours aujourd’hui.

What else ?

Eversys SA fabrique des machines à café super-automatiques pour les professionnel∙le∙s. Ces machines sont conçues, testées et assemblées à Sierre. Clin d’œil au rêve américain, l’entreprise a décroché l’année dernière un gros contrat avec Starbucks pour la production de cafés froids. Le job de Calixte est de faire de la maintenance prédictive. Autrement dit, anticiper les pannes : « Dès que quelqu’un interagit avec une de nos machines, dès qu’un café est tiré à quelque part dans le monde, ça nous envoie toute une série de données comme la température de l’eau, la pression du boiler, l’ouverture du moulin, le rinçage, etc. Grâce à ces informations on essaie de comprendre les pannes et d’adapter les réglages. A savoir que nos plus grosses machines produisent entre 2'000 et 3'000 cafés par jour ! ». Parmi les 300 employé∙e∙s, Calixte est le seul spécialiste en IA à savoir manier les statistiques et toutes les finesses de l’informatique. Lorsqu’il ne trouve pas de solution à un problème donné, le ChatGPT devient un bon allié. « J’alimente un fil de discussion sur le chat. Ça me permet de développer certaines réflexions et de garder une trace des propositions que me soumet l’IA et qui sont la plupart du temps intéressantes ». L’idée d’utiliser le ChatGPT pour aider les technicien∙ne∙s d’Eversys dans leurs tâches fait également son chemin…

L’IArtistique

Informaticien, DJ à titre privé, Calixte aime tout ce qui touche de près ou de loin aux ordis. Depuis peu, il s’est trouvé un nouveau challenge : « J’essaie de faire des trucs artistiques où j’utilise volontairement une IA qui est mal entraînée, donc une base de neurones vierge, pour faire du dessin collaboratif. Un peu comme un cadavre exquis, je commence à dessiner un truc et l’IA continue mon dessin. L’expérience sert à voir combien l’IA doit être entraînée pour parvenir à reconnaître ce que j’ai esquissé, pour que le tout soit ensuite cohérent. Ça m’amuse et j’aime bien partager ces « découvertes esthétiques » avec mes amis artistes. »              

Les limites de la machine              

Pour Calixte, l’IA est un outil incroyable, mais dont il faut se méfier. A la question « Est-ce que l’IA va tous nous remplacer un jour ? », sa réponse est nuancée : « Elle est capable de nous remplacer, mais pas toujours par du travail bien fait. Si tu ne vas pas relire, vérifier ce qu’elle fait, si tu lui voues une confiance aveugle, tu risques de te retrouver avec de mauvaises surprises. »

À croire que pour certain∙e∙s, s’approprier l’IA is as easy as a duck soup !