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Monday 16 September 2019 08:52

Le jeudi 12 septembre 2019, la chercheuse en philosophie Stéphanie Perruchoud est venu nous présenter certains éléments de ses recherches antérieures à l’université de Fribourg et de Catalogne. Devant un public hétérogène de professeurs et chercheurs en sciences infirmières, physiothérapie, informatique, et management, elle a cherché à répondre à la question de savoir qui peut parler du corps

 

Inspirée de l’œuvre du phénoménologue Merleau-Ponty, elle entendait d’une part rompre le dualisme hérité du cartésianisme en restaurant l’unité de la personne, et, d’autre part, battre en brèche l’idée correspondante selon laquelle la science expérimentale aurait le monopole de la connaissance du corps quand la philosophie aurait celui de l’âme. 

 

Paradoxalement, selon elle, seule une philosophie qui identifie le sujet à son corps et refuse d’en faire sa chose peut selon elle nous sortir et d’un matérialisme statique et d’un spiritualisme désincarné. Pas plus que la souffrance ne peut être réduite à un ensemble de stimuli nerveux, le corps ne se laisse réduire à une série de données statistiques et physiques.

 

Le débat s’est engagé sur la question de savoir si les écoles de santé, et plus généralement la pratique médicale en Suisse, intégrait suffisamment les dimensions non strictement physiques des pathologies. En réalité, si tout le monde s’accordait pour reconnaître les progrès à faire en la matière, la notion élargie de « bio/psycho/social » semble désormais bien intégrée dans l’enseignement des filières de physiothérapie et de sciences infirmières. Le réductionnisme dénoncé (la réduction du patient au dysfonctionnement de ses organes), à défaut d’avoir disparu des pratiques, n’a plus le monopole du discours légitime. Aux yeux des chercheurs présents, le défi actuel consiste plutôt à transformer les multiples initiatives et expériences thérapeutiques singulières qui tentent d’appréhender le patient dans sa totalité  (soins par la musique, etc.) en preuves cliniques ; ne serait-ce que pour donner des gages d’efficacité aux différents acteurs économiques qui, pour l’heure, se fient majoritairement aux thérapies chimiques et médicamenteuses. Contradiction dans les termes, douce illusion, ou perspective pour les chercheurs de la HES-SO ?