La conférence « Construire durable : vraiment ? », qui a été le fruit d’une collaboration entre la HES-SO Valais-Wallis représentée par Pierre Roduit, à la tête de l’Institut Energie et environnement, l’EPFL Valais représentée par Vincent Hiroz en tant que directeur opérationnel, et Construction Valais représenté par son président Vincent Bonvin, a exposé les enjeux et les avancées novatrices visant à promouvoir un domaine de la construction plus écologique en Suisse. L’événement organisé sur le Campus Energypolis dans le cadre du Festival du Carrefour de la Transition a attiré un très nombreux public.
Thomas Jusselme, de la HEIA-FR, a introduit la notion de « budget carbone » dans la construction, soulignant l’importance de choisir avec soin les matériaux utilisés. Avec seulement 150MT de CO2 disponibles pour atteindre l’objectif de 1,5 degré, la Suisse doit revoir ses méthodes de construction. La régulation SIA 390 sur le « budget carbone » pourrait être une réponse à cette problématique. Jusselme a également proposé trois stratégies pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments, notamment en évitant les constructions souterraines, en privilégiant des structures compactes et bas carbone, et en choisissant judicieusement les matériaux d’isolation.
Lucien Pignat, responsable Environnement et Durabilité, Service de la mobilité à l’Etat du Valais a présenté un guide technique pour la valorisation des matériaux de déconstruction minéraux. Ce document, disponible sur le site du service de la mobilité du canton, aborde les changements normatifs et se concentre sur trois thèmes principaux : les graves, les enrobés et le béton. La protection des eaux souterraines est au cœur des préoccupations, et le guide insiste sur la nécessité de ne pas mélanger les matériaux pour préserver l’environnement.
Corentin Fivet, de l’EPFL, a quant à lui abordé le sujet du réemploi des matériaux, un domaine offrant un potentiel considérable pour réduire l’impact environnemental. Le réemploi peut entraîner une diminution de 90% des émissions de gaz à effet de serre pour certains matériaux, tout en réduisant les déchets de 40% et en limitant l’extraction de nouvelles ressources. Fivet a illustré son propos avec des exemples concrets, comme la rénovation de la gare de Lausanne, où les pylônes électriques des lignes démontées en Valais pourraient être réutilisés pour créer la nouvelle charpente métallique, ou le réemploi de dalles préfabriquées provenant d’autres chantiers.
La table ronde, animée par Frédéric Filippin, rédacteur en chef de Canal 9, a réuni les différents experts :Thomas Jusselme, Lucien Pignat, Corentin Fivet, Vincent Pelissier (Ingénieur cantonal, chef du Service de la mobilité, Etat du Valais), Pascal Bruchez (Chef des projets stratégiques & infrastructures DG-HVS, responsable du Développement durable à l’Hôpital du Valais) et Gaëtan Reynard (Vice-président Construction Valais et directeur de Bativa). Les discussions ont été vives, reflétant les divergences d’opinions sur la durabilité dans la construction. Les participants ont convenu que, malgré les avancées, il reste beaucoup à faire pour améliorer les pratiques actuelles. Les terres d’excavation ont également été un sujet brûlant, soulevant des questions liées aux contraintes législatives. Enfin, le réemploi a fait l’unanimité, bien que sa mise en œuvre doive être adaptée selon les spécificités de chaque projet.
Cette conférence a donc été l’occasion de réaffirmer l’engagement de tous les acteurs en faveur d’une construction durable, tout en reconnaissant les défis à surmonter pour atteindre cet objectif crucial pour l’avenir du pays et de la planète.