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Wednesday 06 March 2024 08:00

Les technologies d’assistance pour personnes âgées sont aujourd’hui appelées gérontechnologies. Un projet de recherche financé par l’Axe santé de la HES-SO Valais-Wallis est conduit par Jean-Gabriel Piguet, adjoint scientifique à l’institut informatique. Il travaille en collaboration avec Rafaël Weissbrodt, Professeur à la Haute école de santé et ergonome. Il apparaît que les personnes âgées sont rarement consultées quant à l’utilisation de technologies qui leur sont destinées. En effet, les méthodes participatives sont employées dans seulement 15% des cas.

Faire participer les patient-es au choix des technologies utilisées

C’est en observant sa grand-mère qui utilisait des gérontechnologies que Jean-Gabriel Piguet s’est questionné concernant les aspects technologiques et éthiques de ces appareils. Ce sont souvent les proches qui se sentent sécurisés par l’utilisation de ces outils par leur aïeul-es ; mais ces dernier-ères sont plus méfiant-es car elles les perçoivent comme intrusives, voire infantilisantes. Le projet avait pour but de savoir s’il était possible de mettre en place une méthodologie de participation des personnes âgées relative aux technologies qui leur sont destinées. Ceci pose de nombreuses questions éthiques, car ces technologies peuvent apparaître comme intrusives et donner aux personnes âgées le sentiment d’être surveillées. Ceci est particulièrement le cas pour des appareils tels que les capteurs placés sous le lit des résident-es et destinés à mesurer leur tension artérielle ou à observer le nombre de fois où une personne se lève durant la nuit. Il est nécessaire de prendre en compte l’avis des résident-es ainsi que la protection de leur vie privée afin que ces technologies bénéficient d’un haut niveau d’acceptabilité.

Faire un état des lieux de l’existant

Un état des lieux a été effectué dans les champs de l’ergonomie et de l’éthique concernant les gérontechnologies. Il a aussi été décidé de consulter les soignant-es dans les CMS ainsi que le personnel de santé qui se rend au domicile des patient-es pour savoir comment ces technologies sont utilisées et perçues. Stéphanie Hannart, collaboratrice scientifique à la santé a réalisé une quinzaine d’entretiens dans des CMS valaisans afin de connaître les outils utilisés, les craintes que ceux-ci suscitent ou les besoins qui ne seraient pas couverts. Il existe très peu de littérature scientifique sur les outils d’intelligence artificiel dans le domaine de la gérontechnologie, au croisement de questions ergonomiques et éthiques. Il ressort de ces premiers entretiens que les technologies ne sont pas ou peu utilisées, car le manque de moyen ou de formation à leur utilisation est important. Le personnel soignant travaille à l’aide d’une tablette et il arrive parfois que certain-es patient-es utilisent des outils pour monitorer les risques de chute, mais de manière privée. Même si ces technologies ne sont pas encore implémentées sur le terrain, l’ensemble des soignant-es sait que cela va arriver tôt ou tard et souhaitent être formé à l’utilisation de gérontechnologies.

L’interdisciplinarité, une force

La force de ce projet réside dans son interdisciplinarité et de permettre à l’éthique de la santé de s’approcher de l’éthique du numérique. Travailler avec un ergonome a permis à Jean-Gabriel Piguet de comprendre les mécanismes permettant de dire si une technologie est acceptée ou non par les patient-es. Les enquêtes montrent souvent un taux très élevé de satisfaction, mais une fois sur le terrain, en contact avec les utilisateur-trices, force est de constater que le taux d’acceptabilité peut diminuer puisque des remarques sont formulées à un tiers neutre. Cette étude permettra de réfléchir aux questions éthiques qui nous concernerons toutes et tous, puisque les technologies liées à l’intelligence artificielle sont de plus en plus présentes dans nos vies et, à n’en pas douter, encore plus dans le domaine de la santé personnalisée.