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Jean-Paul Fellay
Thursday 14 July 2022 10:42

Interview de son directeur, Jean-Paul Felley

En 2021, la renommée de l’EDHEA n’est plus à faire. Celle qui a vu le jour en 1949 à Saxon grâce au peintre Fred Fay, n’a depuis cessé de se développer. A l’aube de son quatrième déménagement prévu pour 2025, l’Ecole aura évolué sur 3 sites différents et connu 3 appellations, passant de l’Ecole cantonale des beaux-arts du Valais à l’Ecole cantonale d’art du Valais (ECAV) en 1997 pour devenir l’EDHEA ou Ecole de design et haute école d’art en 2019.

Il y a tout juste trente ans, l’Ecole franchissait le cap des 100 étudiant∙e∙s. Aujourd’hui, elle en compte 240 et a atteint sa limite aussi bien en termes de capacité d’accueil que pour le déploiement de ses activités. La construction d’un nouveau bâtiment annoncé fin 2018 par le Conseil d’Etat valaisan est donc un bien nécessaire pour répondre aux besoins de l’Ecole, mais aussi et plus largement, pour le monde culturel valaisan.

En 2021, alors que le concours d’architecture pour la construction du nouveau campus vient d’être lancé, quelles sont les attentes de l’EDHEA vis-à-vis de ce projet ambitieux, destiné à faire rayonner son aura bien au-delà de nos montagnes ?         

Pour quelles raisons un déménagement apparaît comme essentiel aujourd’hui ?

Premièrement, nous sommes en totale saturation. Deuxièmement, les locaux de Sierre sont vétustes, même si le bâtiment principal possède un certain charme. Nous travaillons dans trois lieux éclatés dans Sierre : notre bâtiment principal à côté de l’Hôpital, un bâtiment secondaire à côté du Théâtre Les Halles (TLH), loué à la ville de Sierre, où se développent nos enseignements son-vidéo-photo, ainsi que les anciennes halles Usego également mises à disposition par la ville, qui sont prises d’assaut par les étudiant∙e∙s en quête d’espace pour y développer leurs projets créatifs.

Comment le projet architectural va-t-il investir ces halles ?

Ces halles sont classées au patrimoine industriel valaisan. Les bureaux d’architecture qui participent au concours devront donc intégrer cette donnée, tout en déployant leurs réflexions au-delà de ce périmètre. Il existe 7 Hautes Ecoles d’Art en Suisse ; toutes proposent aux étudiant∙e∙s des bâtiments transformés. L’EDHEA se doit donc d’être également à la hauteur de ses ambitions. Le futur campus de 9'000 m2 sera parfait pour accueillir des formations artistiques.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis du nouveau campus ?

Il y en a beaucoup. Pour commencer, il faut parvenir à réaliser une école qui fonctionnera au-delà de son inauguration. Ce n’est pas une école classique avec des salles de classes au sens premier du terme. Une école d’art et de design est toujours en mouvement. Elle doit pouvoir s’adapter aux changements, et non l’inverse. Dans 10 ans, on vise environ 350 étudiant∙e∙s. Il nous faut donc imaginer un bâtiment avec des possibilités d’évolution.    Bien évidemment, nous avons aussi des attentes en termes de durabilité. Nous tenons à pousser plus loin le principe de juste mettre des panneaux solaires sur le toit, en réfléchissant aux matériaux, la gestion des eaux, du chauffage et la qualité de vie à l’intérieur du bâtiment.

Je rêve d’une école ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les rythmes de travail et de vie sont différents dans une école d’art. Il faut que l’on puisse offrir cela à nos étudiant∙e∙s. Nous faisons beaucoup de brainstormings en interne pour comprendre les besoins, aussi bien des collègues que des étudiant∙e∙s. Il faut penser à la communication entre les services et avec l’externe. Construire une nouvelle école, c’est un moment unique, où l’on peut se permettre d’imaginer – et de concrétiser – un idéal.

Il ne faut pas oublier non plus que construire une école à Sierre, ce n’est pas la même chose que de la construire à Genève ou à Paris, ces villes à forte richesse culturelle. En Valais, nous sommes un peu en retard de ce côté-là. Le monde des arts évolue très vite. Depuis le siècle dernier, l’art est devenu beaucoup plus international et populaire. La pandémie a d’ailleurs mis en exergue ce besoin humain de rassemblement et de culture. La notion d’art est aussi beaucoup plus large et transversale. En cela, la proximité du TLH est un atout. Il faut donc des lieux qui permettent de s’adapter à ces changements.

Comment se répartiront les espaces ?

Le rez-de-chaussée doit avoir une relation avec le public et rester très ouvert. Une partie de ce rez sera dédiée à un espace d’exposition de type centre d’art. Nous avons également prévu une aula transformable qui permettra aussi de donner une place au cinéma d’auteur. La bibliothèque spécialisée dans le design et l’art contemporain sera ouverte au public. En revanche, les étages dédiés à la formation ne seront pas accessibles au public.

Quelle est la suite du projet ? 

Un jury composé d’une vingtaine de personnes (architectes, ingénieur·e·s, intervenant∙e∙s du monde de la culture, etc.) choisira le projet gagnant parmi les 65 projets déposés. Nous connaîtrons le résultat du concours en février 2022 puis il faudra préparer un dossier pour le Grand Conseil. Dans l’idéal, nous espérons pouvoir investir notre nouveau campus à l’automne 2025.