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Anastasiia Rozhyna, doctorante à l'institut informatique de la Haute école de Gestion à Sierre
Monday 13 May 2024 08:00

Pourquoi choisir de devenir informaticien-ne ? Découvrez des personnalités inspirantes qui travaillent à l’institut informatique de la Haute école de gestionAnastasiia Rozhyna, doctorante au sein de l’Institut informatique de la HES-SO Valais-Wallis est originaire d’Ukraine. Réservée, elle arrive avec quelques minutes d’avance à notre rendez-vous, ordinateur et cahier de notes en main. Son visage sérieux s’illumine d’un immense sourire une fois le dialogue débuté et l’assurance que nous ne parlerons pas trop d’elle, mais plutôt de ses projets de recherche. Son Bachelor en ingénierie biomédicale en poche, elle décide de poursuivre ses études par un Master en analyse d’imagerie médicale, pour finalement se lancer dans une thèse de Doctorat consacrée à l’analyse d’images provenant de scanner de l’œil OCT (Tomographie par cohérence optique). Ayant grandi dans une très grande ville, elle est étonnée d’apprécier autant les montagnes qui encerclent le Valais, ainsi que le calme qui règne dans notre canton.

L’informatique, une science inclusive qui a du sens

Lorsqu’elle aborde ses études de Bachelor en Ukraine, elle se souvient qu’il n’y avait que quatre femmes dans sa classe. Pourtant, ce cursus d’avenir n’a pas de genre ; l’informatique ouvre, en effet, de nombreuses perspectives professionnelles dans des domaines aussi variés que la transition énergétique ou la médecine. Elle explique avoir choisi cette voie grâce à des personnes qui l’ont inspirée, à l’image de sa professeure de physique. Cette dernière souhaitait être conductrice de camions, mais il s’est avéré difficile de trouver une place de travail car elle était une femme. Elle a donc opté pour l’enseignement d’une branche technique et a encouragé ses étudiant-es à toujours faire ce qui les intéressait, ne comptant pas ses heures après les cours pour les aider. Ainsi, Anastasiia a décidé de suivre des études d’informatique dans le domaine médical, également inspirée par sa mère et sa grand-mère qui travaillaient toutes deux dans le milieu hospitalier. Mais peut-être que son attrait pour les technologies vient aussi un petit peu de la littérature fantastique qu’elle apprécie tout particulièrement.

L’institut informatique de la Haute école de gestion, une référence dans la recherche

Anastasiia a postulé à l’institut informatique pour terminer son Master en analyse d’imagerie médicale dans le laboratoire MedGift géré par le professeur et chercheur Henning Müller. Ses équipes ont acquis une reconnaissance internationale dans le domaine de la médecine personnalisée et de précision. C’est grâce au programme Erasmus Mundus qu’Anastasiia a pu poursuivre ses études à l’étranger. Elle se concentre sur l’analyse d’images de la rétine afin de mieux détecter les maladies de l’œil. Elle a notamment étudié la classification des images de l’œil permettant de repérer des maladies, telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives, type scléroses multiples ou Alzheimer. Ces images prises à différent moments de la vie d’un-e patient-e en disent long sur le stade d’avancement de la maladie, permettant d’ajuster les traitements, par exemple. Après avoir brillamment réussi son Master, Anastasiia a souhaité poursuivre ses études par un Doctorat au sein de l’institut informatique.

Un doctorat, deux projets

Comment faire avancer la science plus vite ? Anastasiia pense que la réponse à cette question réside dans la science ouverte et le partage des données. Son travail de Doctorat consiste, pour son premier projet, à comparer les images de l’œil. Elle cherche à savoir si les jeux de données de scanner OCT sont facilement disponibles à large échelle et s'ils peuvent être utilisés. En collaboration avec le Stadtspital de Zurich, elle accède à certains jeux de données, observe la manière dont elles sont stockées et les possibilités de les annoter afin de rendre le diagnostic médical plus fiable et plus rapide. Le deuxième projet sur lequel Anastasiia travaille consiste à améliorer la détection des sachets de drogue convoyés par des personnes familièrement appelées des « mules ». Ce type d’activité criminelle est très dangereuse, car elle peut mener les passeur-euses à mourir de surdose si l’un des sachets devait s’ouvrir. La doctorante possède des images de l’abdomen des personnes arrêtées à la frontière suisse et archivées depuis vingtaine d’années. Il s’agit pour elle de travailler à améliorer, au moyen de l’intelligence artificielle, la qualité et la lisibilité des images en utilisant le moins de doses de radiation possible. Les objectifs de ce projet sont d’améliorer la détection des sachets dans l’organisme et de rendre l’examen clinique plus sûr.

Les opportunités de l’intelligence artificielle en Suisse

Anastasiia nous confie les immenses opportunités qu’elle entrevoit pour l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé. L’apprentissage profond (deep learning) permet de diagnostiquer plus rapidement les maladies et d’élaborer des plans de traitement personnalisés, gage d’un meilleur taux de réussite du traitement pour les patient-es. L’intérêt qu’elle porte au scanner OCT de l’œil réside dans la variété des maladies visibles car la rétine est composée de couches et il est possible de distinguer dans les images un nombre important d’informations de santé. Elle trouve du sens dans ce métier technique qui permet non seulement de contribuer à l’amélioration de la santé des patient-es, mais aussi à soutenir les équipes médicales dans leur travail quotidien.